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©Chris Cleave

Chris Cleave est un romancier anglais qui vit à Londres avec sa femme française et ses 3 petites têtes : 2 garçons et 1 fille.
Petitestetes.com vous fait partager quelques morceaux choisis de la vie de ce papa trentenaire en publiant certaines de ses chroniques écrites chaque semaine pendant 2 ans pour The Guardian inédites en France et traduites pour Petitestetes.com.

Pour en savoir plus au sujet de Chris Cleave, rendez-vous sur :
www.chriscleave.com

Les vacances en famille

Une chronique de Chris Cleave

Les vacances en famille se divisent en 3 phases.

Dans la première phase, Maman est rayonnante mais Papa est grincheux et enclin à ré-écrire le dictionnaire.
Vacances (verbe intrans.) : être entouré par des activités de loisirs de plein air auxquelles on ne peut participer à cause de la présence de ses enfants de moins de 5 ans.
Voiture (nom): un éternel théâtre de jeu de devinettes pour voir si je me rappelle bien de rouler à droite.
Maison (nom): l’endroit où nous allons immédiatement retourner si quelqu’un n’arrête pas de taper avec ses jambes dans le dossier du siège de Papa. Dans la première phase, nous traversons en voiture la France (nom): un pays inventé par des lexicographes pour leur fournir une définition du mot envie (nom): le sentiment suscité dans le cœur de Papa quand il visite un environnement culturel fait de relations extra conjugales, de « braguettes » et croissants encore chauds. Le parfum qui sort des boulangeries est charmant, le soleil enflamme des rangées violettes de lavande, et les jeunes femmes en robes blanches d’été transparentes et avec des noms comme “Nicolette” flânent devant ma fenêtre (Ma femme m’assure que ce dernier détail n’est que le fruit de mon imagination dans la mesure où nous faisons a priori du 130 km/h).

Dans la deuxième phase, Maman est rayonnante et Papa commence à se relaxer. On arrive à destination. Un ami français nous a prêté sa maison pour quinze jours, en guise de consolation vu que nous sommes obligés de résider dans «c’pays de nuages noirs où y’a une pop star vraiment trop folle»   (il faisait bien entendu référence à la tumultueuse chanteuse britannique  Amy Maison-du-Vin1).
Cet ami nous a envoyé la clé de la porte par la poste, et chaque année la lettre accompagnatrice pour ma femme française devient moins taquine et plus philosophique étant donné que son séjour au Royaume Uni commence à ressembler de moins en moins à Asterix chez les Bretons et de plus en plus à un exil définitif. “Bon courage, ma chérie,” a-t-il écrit cette année, “l’Angleterre doit ressembler au plus terrible des exils.” Eh bien, merci pour ça, Etienne. Je vais juste m’asseoir près de ta piscine avec un Pastis et bien réfléchir longuement à ce que tu as dit.

Donc là commence la troisième phase, pendant laquelle Maman est rayonnante et Papa enclin à se poser des questions à foutre le cafard du genre: “Pourquoi, mon Dieu, pourquoi?” Ou comme notre petit de 2 ans l’a dit ce matin : “Moi veux pas rentrer en Angleterre ! ”
Pourquoi on ne vient pas vivre ici ? est une question que tout le monde pose pendant les vacances dans une sorte de rêve éveillé. Si j’écrivais pour The Spectator alors vous seriez certainement en safari au Kenya à ce moment-là et alors la réponse serait évidente (parce que les lions vous attaqueraient et que Goldman Sachs vous licencierait comme un malpropre). Ah, mais là j’écris pour The Guardian, il est donc très probable que vous ayez un de ces jobs que l’on peut exercer de n’importe où (comme ceux des traîtres dans les James Bond ou celui d’un lauréat en poésie), et vous avez certainement organisé un type de vacances avec faible empreinte carbone où l’on peut aller en voiture, et vous êtes certainement quelque part comme en France où la question est pertinente et dangereuse et vêtue d’une légère robe blanche d’été...
Il n’y a rien qui puisse empêcher les familles britanniques de déménager en France. Vous bénéficieriez d’allègements fiscaux parce que vous avez des gosses, de gardes gratuites d’enfants de plus de 3 mois et d’une première dame qui compose ses propres chansons à partir de 3 notes de guitare. En plus vous pourriez échanger votre maison mitoyenne de 4 pièces au Royaume Uni contre quelque chose ayant des volets bleus, 10 chambres, des lézards irisés saoulés à l’absinthe et des rimes de Rimbaud qui s’exposent au soleil sur les murs (Le seul inconvénient serait d‘avoir à supporter la station de radio Nostalgie qui continue à diffuser en boucle « ze ‘its of Feel Collins»2.)

Alors pourquoi donc faut-il rentrer au Royaume Uni ? Je l’ai demandé à notre petit de 4 ans, qui faisait une pause de cinq minutes dans son jeu Allez Allez Les Power Rangers! avec des petits locaux français. Sans aucune hésitation, il a énuméré les motifs sur ses doigts : “Premièrement, pour CBeebies3. Deuxièmement, il y a Mme Jacobson [sa maîtresse]. Et troisièmement… euh… salut P’pa!” Et il est reparti pour combattre des ninjas gaulois invisibles dans un style local de kung-fu type baguette bourrée. Alors j’ai demandé à ma femme, elle m’a dit que j’étais trop petit pour passer inaperçu en France. Déprimé, j’ai demandé à mon petit de deux ans si ça le branchait de commencer une nouvelle vie avec moi sur la Côte d’Azur mais il était occupé à monter sur une chaise pour tenter d’attraper la lune, ce qu’il pourrait honnêtement essayer de faire des deux côtés de la Manche.

Donc, je crois qu’on va rentrer après tout.

Bonnes vacances, mes chers compatriotes anglais – amusez-vous bien, et je vous retrouve en Angleterre.

 

1  Amy Winehouse

2  Compréhension anglaise difficile de la prononciation française des Hits de Phil Collins.

3  Chaine de la BBC destinée aux moins de 6 ans.

 

 

Les vacances en famille se divisent en 3 phases.

Dans la première phase, Maman est rayonnante mais Papa est grincheux et enclin à ré-écrire le dictionnaire. Vacances (verbe intrans.) : être entouré par des activités de loisirs de plein air auxquelles on ne peut participer à cause de la présence de ses enfants de moins de 5 ans. Voiture (nom): un éternel théâtre de jeu de devinettes pour voir si je me rappelle bien de rouler à droite. Maison (nom): l’endroit où nous allons immédiatement retourner si quelqu’un n’arrête pas de taper avec ses jambes dans le dossier du siège de Papa. Dans la première phase, nous traversons en voiture la France (nom): un pays inventé par des lexicographes pour leur fournir une définition du mot envie (nom): le sentiment suscité dans le cœur de Papa quand il visite un environnement culturel fait de relations extra conjugales, de « braguettes » et croissants encore chauds. Le parfum qui sort des boulangeries est charmant, le soleil enflamme des rangées violettes de lavande, et les jeunes femmes en robes blanches d’été transparentes et avec des noms comme “Nicolette” flânent devant ma fenêtre. (Ma femme m’assure que ce dernier détail n’est que le fruit de mon imagination dans la mesure où nous faisons a priori du 130 km/h).

Dans la deuxième phase, Maman est rayonnante et Papa commence à se relaxer. On arrive à destination. Un ami français nous a prêté sa maison pour quinze jours, en guise de consolation vu que nous sommes obligés de résider dans « c’pays de nuages noirs où y’a une pop star vraiment trop folle »  (zat country of storm clouds where ze pop star she is so crazy).” (Il faisait bien entendu référence à la tumultueuse chanteuse britannique  Amy Maison-du-Vin Winehouse). Cet ami nous a envoyé la clé de la porte par la poste, et chaque année la lettre accompagnatrice pour ma femme française devient moins taquine et plus philosophique étant donné que son séjour au Royaume Uni commence à ressembler de moins en moins à Asterix chez les Bretons et de plus en plus à un exil définitif. “Bon courage, ma chérie,” a-t-il écrit cette année, “l’Angleterre doit ressembler au plus terrible des exils.” Eh bien, merci pour ça, Etienne. Je vais juste m’asseoir près de ta piscine avec un Pastis et bien réfléchir longuement à ce que tu as dit.

Donc là commence la troisième phase, pendant laquelle Maman est rayonnante et Papa enclin à se poser des questions à foutre le cafard du genre: “Pourquoi, mon Dieu, pourquoi?” Ou comme notre petit de 2 ans l’a dit ce matin : “Moi veux pas rentrer en Angleterre ! ”

Pourquoi on ne vient pas vivre ici ? est une question que tout le monde pose pendant les vacances dans une sorte de rêve éveillé. Si j’écrivais pour The Spectator alors vous seriez certainement en safari au Kenya à ce moment-là et alors la réponse serait évidente (parce que les lions vous attaqueraient et que Goldman Sachs vous licencierait comme un malpropre). Ah, mais là j’écris pour The Guardian, il est donc très probable que vous ayez un de ces jobs que l’on peut exercer de n’importe où (comme ceux des traîtres dans les James Bond ou celui d’un lauréat en poésie), et vous avez certainement organisé un type de vacances avec faible empreinte carbone où l’on peut aller en voiture, et vous êtes certainement quelque part comme en France où la question est pertinente et dangereuse et vêtue d’une légère robe blanche d’été ….

Il n’y a rien qui puisse empêcher les familles britanniques de déménager en France. Vous bénéficieriez d’allègements fiscaux parce que vous avez des gosses, de gardes gratuites d’enfants de plus de 3 mois et d’une première dame qui compose ses propres chansons à partir de 3 notes de guitare. En plus vous pourriez échanger votre maison mitoyenne de 4 pièces au Royaume Uni contre quelque chose ayant des volets bleus, 10 chambres, des lézards irisés saoulés à l’absinthe et des rimes de Rimbaud qui s’exposent au soleil sur les murs (Le seul inconvénient serait d‘avoir à supporter la station de radio Nostalgie qui continue à diffuser en boucle « ze ‘its of Feel Collins» (note de bas de page : compréhension anglaise difficile de la prononciation française des Hits de Phil Collins).

Alors pourquoi donc faut-il rentrer au Royaume Uni ? Je l’ai demandé à notre petit de 4 ans, qui faisait une pause de cinq minutes dans son jeu Allez Allez Les Power Rangers! avec des petits locaux français. Sans aucune hésitation, il a énuméré les motifs sur ses doigts : “Premièrement, pour CBeebies3 (chaine de la BBC destinée aux moins de 6 ans). Deuxièmement, il y a Mme Jacobson [sa maîtresse]. Et troisièmement… euh… salut P’pa!” Et il est reparti pour combattre des ninjas gaulois invisibles dans un style local de kung-fu type baguette bourrée. Alors j’ai demandé à ma femme, elle m’a dit que j’étais trop petit pour passer inaperçu en France. Déprimé, j’ai demandé à mon petit de deux ans si ça le branchait de commencer une nouvelle vie avec moi sur la Côte d’Azur mais il était occupé à monter sur une chaise pour tenter d’attraper la lune, ce qu’il pourrait honnêtement essayer de faire des deux côtés de la Manche.

Donc, je crois qu’on va rentrer après tout.

Bonnes vacances, mes chers compatriotes anglais – amusez-vous bien, et je vous retrouve en Angleterre.

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